ROAD TRIP EN TASMANIE


Samedi 8 décembre 2018

En fin de matinée nous rendons le camping-car à Sydney, après avoir parcouru 2 580 km depuis Melbourne, en 22 jours.

Nous passons l’après-midi et la nuit dans un appart’hôtel, le Quest Serviced Apartments Mascot, tout proche de l’aéroport international de Sydney, d’où nous décollerons le lendemain à destination de Hobart en Tasmanie.

Comme à chaque fois, retrouver le confort d’un appartement nous remplit de joie.

Ce soir, c’est pizzas et plateau TV en regardant les « Chroniques de Noël ». Ici le Père Noël s’appelle Santa-Claus ! Le nom change, mais le personnage est identique. La preuve en images…

 

 

Un peu de géographie et d’histoire :

La Tasmanie est un État australien. L’Australie compte 6 états (le Queensland, la Nouvelle-Galles du Sud, le Victoria, la Tasmanie, l’Australie-Méridionale et l’Australie-Occidentale) et 2 territoires (le Territoire de la capitale australienne et le Territoire du Nord).

L'île s'étend sur 364 km du nord au sud et 306 km d'ouest en est.

 

La Tasmanie tient son nom de l'explorateur néerlandais Abel Tasman, qui fut le premier Européen à apercevoir l'île le 24 novembre 1642. Il la nomma la Anthony van Diemensland d'après son mécène Antonio Van Diemen. Le nom fut plus tard raccourci en Van Diemen’s Land par les Britanniques. Elle fut finalement renommée en l'honneur de son premier découvreur européen, le 1er janvier 1856.

 

Les premiers habitants de Tasmanie étaient les Aborigènes de Tasmanie. Lors de la colonisation britannique en 1803, la population indigène était estimée entre 5 000 et 10 000 personnes.

Les premiers colons, eux, étaient principalement des condamnés (des convicts) et leurs gardiens, dont la tâche était de développer l’agriculture et les autres industries.

De 1803 à 1833, le nombre d'Aborigènes est passé de plus de 5 000 à moins de 300. Quarante-trois ans plus tard, c'est l'intégralité de la population indigène qui est anéantie, exterminée par les colons britanniques, l'alcool et la syphilis.

Au passage, les colons ont aussi exterminé le tigre de Tasmanie, dont le dernier spécimen connu est mort au zoo de Hobart en 1936.

 

Aujourd’hui, comme pour chasser ces fantômes du passé, plus d'un tiers du territoire de la Tasmanie est classé en réserves naturelles, parcs nationaux et sites du patrimoine mondial de l’Unesco

 

 

Dimanche 9 décembre 2018

Après deux heures de vol, nous atterrissons en Tasmanie à Hobart à 11h50.

A peine débarqués, nous filons récupérer le camping-car, avant d’avaler un Fish and Chips et de faire nos provisions pour les jours à venir.

Que ce soit à Alice Springs, Melbourne ou Hobart, nous avons réservé à chaque fois le même camping-car, un Apollo Euro Delux 6. Pratique, car au final nous le connaissons bien et nous en sommes très contents.

 


Freycinet National Park

Comme pour notre road trip entre Melbourne et Sydney, nous n’avons qu’une vague idée de notre parcours en Tasmanie et n’avons réservé aucun camping, bien que les vacances d’été commencent ici le 15 décembre… Mais nous sommes sereins, car nous avons avec nous notre application préférée, MAPS.ME, qui en plus de nous servir de GPS, nous dégote toujours un camping.

Il y a deux applications incontournables pour nous en voyage, MAPS.ME et XE qui est convertisseur de monnaie.

 

Vers 16h, nous prenons la route en direction de la côte est et de Coles Bay dans le Freycinet National Park, où nous arrivons à 18h30. Nous nous installons au Richardsons Beach Campground, un camping derrière la plage, face à la paisible et détendue Coles Bay. Le soir de notre arrivée, nous avons la chance d’assister au coucher de soleil sur une mer d’huile, en compagnie de Bennetts Wallaby, avec pour toile de fond, les spectaculaires pics de granit rose des Hazards. Nous sommes stupéfaits de découvrir une si belle plage, et un front de mer aussi sauvage et préservé.

 

 

Lors de notre séjour au Freycinet National Park, outre les promenades matinales et crépusculaires sur le rivage et en ville (dont on a vite fait le tour), nous sommes allés au Cape Tourville avec de superbes panoramas sur la côte, et sur la Honeymoon Bay qui est une invitation à la baignade dans ses eaux cristallines, mais froides…

 

Cape Tourville

 

Honeymoon Bay

 

Mais la pépite du Freycinet National Park est la sublime Wineglass Bay. Cette baie en forme d’arc parfait et bordée d’eau translucide et de sable blanc est régulièrement citée parmi les 10 plus belles plages au monde. Pour y accéder, il faut d’abord atteindre le Wineglass Bay Lookout (40 minutes d’ascension facile). Là, vous vous retrouvez nez à nez avec de nombreux visiteurs sur un belvédère surement trop petit au plus fort de l’été… Pour éviter la foule, il suffit de descendre sur la plage que l’on atteint après 40 minutes de descente et plusieurs centaines de marches escarpées, qui ont vite fait de nous rappeler notre âge…

Si vous êtes équipés de sacs de couchage et de tente, il est possible de dormir dans un camping au bout de la plage.

L’aller-retour nous aura pris 2h30 sans les pauses. Mais le spectacle est toujours plus beau après l’effort. Est-ce la fierté de l’exploit accompli ? Ou la nature réserve-elle sa beauté à ceux qui en ont payé le prix ?

 

 

Le Freycinet National Park est splendide. Il nous a rappelé le Wilsons Promontory National Park, surement en raison de sa proximité avec la mer et de la présence des massifs granitiques.

Le parc offre de nombreuses randonnées d’1 heure à plusieurs jours. Les hébergements ne manquent pas sur Coles Bay. De superbes villas sont même proposées à la location.

Ce parc nous a mis l’eau à la bouche et nous sommes impatients de découvrir la Tasmanie.


Bay of Fires

En quittant le Freycinet National Park, nous remontons au nord en suivant la côte est, vers Saint Helens et Binalong Bay, à la découverte de la Bay of Fires.

 

 

Bay of Fires doit son nom aux feux aborigènes découverts par le Capitaine Tobias Furneaux lors de sa navigation en 1773, mais ce nom pourrait aussi bien provenir des rochers d'un orange flamboyant qui longent la baie.

La Bay of Fires s'étend sur cinquante kilomètres de Binalong Bay à Eddy Stone Point. Elle comprend de superbes et immenses plages de sable blanc, des eaux d’un bleu céruléen, du bush, des lagunes et des rochers couverts de lichens orange. Il est préférable de découvrir la Bay of Fires sous le soleil pour mieux apprécier les nuances des couleurs.

Nous avons passé une après-midi à Binalong Bay et avons consacré une journée à la découverte de la Bay of Fires entre Binalong Bay et The Gardens.

De splendides sites de camping gratuits jalonnent la baie au nord de Binalong Bay.

 

La Tasmanie tient toutes ses promesses, on y découvre des plages magnifiques et sauvages et une nature généreuse et belle, où l’homme n’a pas rasé toutes les forêts pour faire paître ses foutues vaches ou moutons.

La terre n’a pas encore rendu gorge de ses dernières beautés et résiste encore par endroits aux assauts de l’homme.

 


Launceston

Mercredi 12 décembre 2018

Nous quittons dans l’après-midi Bay of Fires, direction Launceston. En chemin, nous passons par Derby, un village passionné de VTT où les maisons anciennes sont pleines de cachet.

 

 

En chemin...

 

 

Avant Launceston, nous faisons une halte au Bridestowe Lavender Estate pour admirer les champs violets de lavande. Cette exploitation qui se visite gratuitement est la plus grande de l’hémisphère Sud et vaut grandement le détour.

 

 

Nous arrivons tard à Launceston où nous nous installons pour deux nuits au camping sans charme, le BIG4 Launceston Holiday Park. Le gros point fort des BIG4 est la propreté irréprochable des sanitaires, la WIFI et le fait qu’avec Apollo, nous bénéficions d’une réduction de 10%.

Le lendemain, après une matinée tranquille, nous visitons la Cataract Gorge Reserve aux portes de la ville, un très bel endroit.

 

 

De là, nous filons au sud pour visiter la petite ville d’Evandale et le domaine de Clarendon, tous deux recommandés par le Lonely Planet. Si Evandale n’est pas dénuée de charme, Clarendon ne mérite pas selon nous le déplacement.


Cradle Mountain National Park

Vendredi 14 décembre 2018

La météo consultée la veille, nous indique qu’il fera beau aujourd’hui au Cradle Mountain National Park et qu’il risque d’y pleuvoir les jours suivants. Nous décidons de quitter tôt dans la matinée Launceston pour atteindre au plus vite le parc.

Départ à 7h30, nous laissons dormir les enfants pendant que nous conduisons…

Arrivée à 10h30, les enfants se lèvent à peine. C’est un des côtés pratiques du camping-car !

 

Nous nous installons au Discovery Holiday Parks Cradle Mountain qui propose de beaux emplacements dans le bush, à deux pas du Visitor Center où des navettes gratuites pour les départs de randonnées sont proposées. En fait le prix du transport est inclus dans le Pass des parcs nationaux qui est obligatoire et que nous avons acheté auprès de notre loueur Apollo à notre arrivée, au prix de 60 AUD$, soit environ 38€ et valable pour 2 mois.

 

Vers 13h30, sous un ciel clément, nous sommes au départ de notre randonnée, la Dove Lake Circuit qui permet de contempler la Cradle Mountain (1 545m) en faisant le tour du Dove Lake. La randonnée de 6km (3h avec les pauses) nous fait traverser des paysages de landes alpines, des « rainforest », de minuscules plages de graviers. Nous cheminons tantôt sur des passerelles en bois, tantôt sur des graviers. Une très belle randonnée, sans aucune difficulté.

Ces randonnées sont à chaque fois l’occasion de longues discussions avec les enfants qui doivent nous sentir plus réceptifs pendant les marches. Cette fois, le sujet portait sur la décoration et l’aménagement de leur future chambre. Le message est le suivant : les parents ont beau être architectes, ils ne feront pas ce qu’ils veulent…

 


Strahan

Samedi 15 décembre 2018

Il pleut fort ce matin sur Cradle Mountain et les prévisions météo ne sont pas bonnes. Nous pensions rester ici au moins 3 nuits, tant les lieux nous séduisaient. Nous devons y renoncer et prenons la route pour la côte ouest et Strahan qui est connue pour ses excursions en bateau vers l'île de Sarah et la basse Gordon River...

 

Dimanche 16 décembre 2018

A 8h30, nous montons à bord du bateau « The Spirit of the Wild » pour une croisière de 6h. La croisière débute dans le village de Strahan sur le Macquarie Harbour (baie de Macquarie), direction l’entrée de la baie et les spectaculaires Hell's Gates (les portes de l’Enfer), ainsi nommées par les bagnards en chemin vers Sarah Island, un ancien pénitencier, que l’on visite pendant la croisière.

Sarah Island fut un bagne de 1822 à 1833 où les forçats fabriquaient des bateaux robustes avec les Pins Huon, un arbre à croissance très lente, 1mm par an et dont le plus vieux spécimen connu avait plus de 3 000 ans.

Le point d’orgue de la croisière est atteint lorsque le bateau remonte la rivière Gordon au milieu d’une dense forêt pluviale tempérée.

Nous avons eu de la chance, car la pluie nous a épargnés. Ne surtout pas faire cette croisière s'il risque de pleuvoir!

 

 

La croisière en elle-même n’est franchement pas extraordinaire, les paysages sont certes beaux sans être inoubliables et les excursions à terre se font au pas de course.

 

Cependant, cette croisière nous a permis de rencontrer Dominique et Marie, un couple de retraités, partis depuis juin 2008 de Bretagne, à bord de leur voilier. Emile et Oscar ont relaté dans le détail leurs plus beaux souvenirs de voyage et nous étions heureux de les voir en parler avec autant de passion. Nous avions en commun de nombreuses destinations et des coups de cœur comme Ilha Grande, Ile des Pins, Lifou, Maupiti, Moorea, Huahine, île de Pâques. Ils ont adoré le Vanuatu, situé au nord de la Nouvelle-Calédonie en Mélanésie et dont on a beaucoup entendu parler lors de notre séjour sur Le Caillou. On coche définitivement cette destination dans notre wish-liste.

 

Nous sommes très admiratifs de tous ces cœurs aventureux, comme Dominique et Marie, Michelle à New-York, François à Quito, les frères Gerben et Johan à Paraty, Nhung et Alain à Maupiti, Jean-Claude en Nouvelle-Calédonie, Colin en Australie… qui un jour ont détaché les amarres, parce que le voyage féconde l’existence, par désir d’intensification de la vie ou parce qu’ils ont préféré la griserie à la grisaille.

 

« Don Quichotte porte dans sa tête dérangée le rêve de chacun d’entre nous, qui est de vivre intensément, d’être un autre que soi-même. Quichotte ne fait qu’un avec Sancho Panza, la déraison romanesque d’un côté, la prudence terrienne de l’autre. Nous sommes tous des Panza-Quichotte, incapables de choisir entre l’aventure et la sagesse, le grand large et le village, courir l’aventure ou cultiver notre jardin. Nous sommes tous des Panza-Quichotte, c’est-à-dire des aventuriers modernes, ni guerriers, ni conquérants, mus par la soif d’horizons mais saisis par la peur de l’inconnu ».

 

Laurent JOFFRIN


Lake Saint Clair National Park

Lundi 17 décembre 2018

Nous quittons Strahan, qui pour nous n’était qu’une ville étape, direction le Mt Field National Park.

La route est longue, éprouvante mais superbe. Elle nous fait traverser des contrées escarpées faites de nature sauvage et de rivières cachées.

Vers 12h, nous décidons de nous arrêter manger au Lake Saint Clair. Il fait beau, l’endroit nous plait, il y a de la place au camping, un restaurant sympa pour dîner, nous décidons d’y passer la nuit.

 

L’endroit est connu des amoureux de la randonnée, car il marque la fin (en haute saison) de la randonnée la plus populaire de Tasmanie, l’Overland Track, une odyssée de 65 km sur 6 à 8 jours qui, depuis les abords rocailleux de Cradle Mountain, traverse le cœur sauvage de la Tasmanie, fait de montagnes mystiques et séculaires, de rives de lacs esseulés et de forêts ensorcelantes.

 

 

Nous nous contenterons d’une randonnée de 2h30 autour du lac, combinant plusieurs randonnées, Lake Shore Walk, Larmairrenemer Tabelti et Platypus Bay, à la recherche de l’ornithorynque que nous ne verrons pas…

 

L'Ornithorynque est un animal semi-aquatique endémique de l'est de l’Australie, y compris la Tasmanie. C'est l'une des cinq espèces de l'ordre des monotrèmes, seul ordre de mammifères qui pond des œufs au lieu de donner naissance à des petits complètement formés.

L’animal est ici appelé Platypus qui signifierait pied plat.  Le monde entier ne découvrit l’ornithorynque qu’en 1939 dans le magazine National Géographic.

 


Bonorong Wildlife Centre

Mardi 18 décembre 2018

La veille, nous avons pris la décision de ne plus aller au Mt Field National Park, mais de nous diriger vers la Péninsule de Tasman que Dominique et Marie, rencontrés à Strahan, avaient beaucoup aimé.

 

En quittant le Lake Saint Clair, nous nous arrêtons à Derwent Bridge pour visiter "The Wall", une œuvre incroyable de l’artiste Greg Duncan. Sur des panneaux de bois, il raconte l’histoire des hautes terres (highlands) de Tasmanie. Il y a 50 panneaux de bois de pin Huon, faisant chacun 1m de large par 3m de hauteur. Chaque panneau est sculpté aux deux faces. L’artiste y travaille tous les jours depuis plus de 10 ans. Lorsqu’elle sera terminée, l’œuvre fera 100 m de long et 300 m². Il est interdit de prendre des photos, mais si vous y allez, la surprise ne sera que plus belle. A faire absolument.

 

L’autre destination du jour est le Bonorong Wildlife Centre qui est plus un refuge pour animaux blessés, qu’un zoo et où il est possible de voir le fameux Diable de Tasmanie.

On y retrouve tous les animaux vus depuis le début de notre voyage en Australie, Koalas, Wombats, Echidnés, Sulphur-Crested Cockatoo, Yellow-Tailed Black Cockatoo, Galah, Laughing Kookaburra, Emu, Kangourous.

 

Le Diable de Tasmanie, connu grâce au personnage « Taz » des Looney Tunes, est le plus grand marsupial carnivore d’Australie. Il vit uniquement sur l’île de Tasmanie.

Depuis 1996, une menace pèse sur le Diable de Tasmanie, qui a développé une maladie propre à l’espèce : la DFTD (devil facial tumour disease). Cette affection consiste en une tumeur de la face, dégénérant en cancer. Son origine serait due aux morsures subies lors de combats. La maladie, qui se propage rapidement sur l'île tasmane, aurait déjà tué près de 60 % de la population des diables. L'évolution de la souche cancéreuse inquiète les scientifiques qui œuvrent à la fabrication d'un vaccin, car ils craignent qu'elle ne mute et se développe sur l'Homme...

 

 

Il faut être très prudent en conduisant en Australie et surtout éviter de conduire la nuit. Le nombre d’animaux morts au bord de la route est juste hallucinant…

Quand on réalise que certaines espèces ont disparu ou sont en voie de disparition dans un pays développé comme l’Australie, avec une densité de population aussi faible, on peut craindre le pire pour d’autres espèces en Indonésie, en Afrique ou ailleurs!


Port Arthur

Mercredi 19 décembre 2018

En fin de matinée, nous prenons la route pour la Péninsule de Tasman et le pénitencier de Port Arthur, un site historique classé au Patrimoine mondial.

 

En 1830, le lieutenant-gouverneur George Arthur décida de confiner les prisonniers récidivistes sur la Péninsule de Tasman et de faire du pénitencier, « une machine à moudre les voyous en honnêtes citoyens ». On y trouve même, un peu à l’écart, la prison de Point Puer (1834 – 1849) qui fut la première colonie pénitentiaire pour enfants de l’Empire britannique. Les délinquants étaient âgés de 14 à 17 ans, le plus jeune avait presque l’âge d’Emile, 9 ans.

Entre 1830 et 1877, 12 500 convicts purgèrent leur peine à Port Arthur qui prospéra grâce au travail forcé des bagnards dans l’industrie du bois, la construction navale, la production de briques, de meubles, de vêtements…

Aux côtés des bagnards, la communauté de militaires et de civils menait une vie fastueuse, et organisait fêtes, régates et soirées littéraires.

 

Le dimanche 28 avril 1996, un nouveau chapitre de l’histoire tragique de Port Arthur s’écrivit lorsqu’un homme armé tua 35 personnes et en blessa 19 autres …

 

Aujourd’hui, la plupart des bâtiments sont devenus de superbes ruines très bien conservées. L’architecture est peut-être l’art de faire de belles ruines et les architectes contemporains devraient peut-être davantage y songer…

Depuis que nous sommes en Tasmanie, Port Arthur est le plus bel ensemble architectural que nous ayons vu.

 

Le tarif « famille » pour le site de Port Arthur est de 99 AUD$, soit 63€ et comprend même une croisière de 25 minutes sur la baie. Nous y avons passé toute l’après-midi. Nous recommandons vivement cette visite qui permet aussi de comprendre l’histoire épique et douloureuse de la colonisation de la Tasmanie et de l’Australie en général par l’Empire britannique.

 


MONA

Jeudi 20 décembre 2018

Nous avons passé la nuit dans un très beau camping, le White Beach Caravan Park, près de Nubeena.

Ce matin, comme cette nuit, il pleut … Nous décidons de remonter sur Hobart et de quitter la Péninsule de Tasman où nous avions pourtant prévu de faire une sortie bateau.

 

Au passage, nous ferons une halte sur quelques sites, comme Tasman Blowhole, Tasman Arch, Devils Kitchen, Tessellated Pavement. Malheureusement, ces sites, faciles d’accès, sont très fréquentés. La fréquentation, conjuguée à un temps maussade, ont eu raison de notre capacité d’émerveillement et nous passerons vite notre chemin.

 

 

Après avoir quitté la péninsule, à hauteur de Dunalley, nous sommes tombés par hasard sur un Fish and Chips délicieux. Le restaurant qui est en fait une poissonnerie se trouve après le pont du Denison Canal, à gauche, sur Fulham Road !

 

 

Après déjeuner, le temps reste menaçant. Un temps parfait pour aller au musée MONA.

Le Museum of Old and New Art (MONA) est situé à 12 km au nord de Hobart et occupe une péninsule qui s’avance dans la Derwent River.

 

Le bâtiment, inauguré en 2011, a été réalisé par l’agence d’architecture Fender Katsalidis, qui a fait ici un travail remarquable, notamment par la qualité des finitions.

 

Le projet un peu fou du MONA est né de l'imagination de David Walsh, richissime australien, qui a consacré 75 millions de dollars (53,5 millions d'euros) à l'ériger pour présenter sa collection privée. Né en Tasmanie, atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme qui révèle chez certains un génie ébouriffant, le mécène a suivi des études de mathématiques qu'il a abandonnées pour le monde du jeu. David Walsh a fait fortune dans des sociétés de paris professionnels, avant de développer ses activités en achetant un vignoble et une brasserie. Parallèlement, il acquérait nombre d’œuvres, dont une importante collection de tableaux des peintres modernistes australiens.

 

Le musée est décoiffant… et surprend en permanence le visiteur.

On cherche d’abord l’entrée sur les 3,5 hectares de terrain. Il faut passer devant des vignes, des restaurants, redescendre, emprunter un chemin en contrebas, passer par le parking - deux places y sont réservées à God et God’s mistress, alias David Walsh et Kirsha Kaechele, sa compagne et commissaire d’expositions, traverser un terrain de tennis et… passer enfin une porte miroir.

On se retrouve alors dans un décor de salon avec feu de cheminée, canapé, tables basses, on paie son entrée (gratuite pour les enfants de moins de 18 ans et résidents ) et on nous demande de descendre 3 étages plus bas… ?

On tombe alors sur un bar, une salle de cinéma et même un concert de musique...

 

Les trois étages d'exposition, sur 6 000 m2, sont là, sous terre, loin de la lumière du jour.

Le bâtiment ne possède aucune fenêtre et l'atmosphère est intentionnellement sinistre.

Pour voir l'art, le visiteur doit remonter vers la surface, une trajectoire contrastant avec la spirale ascendante que propose la plupart des musées et notamment le Musée Guggenheim de New-York.

 

Ici, pas de cartel ni de guide, mais un iPod remis à l’entrée, muni d’un GPS qui accompagne le visiteur avec des explications sur les œuvres. Un bouton « like » et un bouton « hate » lui permettent de donner son avis. « La plupart des musées sont construits de telle sorte que le visiteur se sent écrasé devant la présence du génie. Ce sont des temples sacrés qui transmettent leurs connaissances et leur sagesse : j’ai voulu le contraire », explique David Walsh. D’où la descente sous terre au lieu de la montée vers le ciel, un tennis à l’entrée qui désacralise les lieux, le miroir déformant, le cimetière, le bar, etc. Incongru ? Mais justement, c’est le but.

Ce « Disneyland subversif pour adultes » qui flatte avec lucidité le cynisme de chacun d’entre nous, est là pour « casser tous les codes ». On est loin de l’esprit « white cube » ou du musée académique. « Tout est fait pour découvrir le musée petit à petit et par soi-même. Plus par l’émotion que par la connaissance ».

« Au mieux, si c’est réussi, le MONA devrait défier toutes les conventions, être irrévérencieux, signifiant ou pas, mais aussi - et pourquoi pas ? - amusant parfois, et impertinent », souligne le maître des lieux.

La vie est tragique, c’est entendu, mais elle n’est pas sérieuse. L’art ne l’est pas non plus, l’art contemporain encore moins que les autres.