Pour rejoindre l’île de Pâques, le voyage fut long, très long, pas moins de 26h !
Nous sommes partis en van de Paraty au Brésil le mercredi 29 août 2018 à 9h, direction l’aéroport de Rio de Janeiro pour prendre le vol Rio de Janeiro – Santiago du Chili de 18h30. Nous atterrissons à Santiago du Chili à 23h30, où nous essayons de dormir en attendant notre vol pour l’île de Pâques à 6h30.
Le vol pour l’île de Pâques depuis Santiago du Chili dure 5h. Nous avons voyagé avec la compagnie Latam, à bord d’un superbe Boeing 787 Dreamliner. Le confort de l’avion nous a permis de récupérer un peu.
Le jeudi 30 août 2018 à 11h30, heure du continent ou 9h30, heure locale, nous atterrissons sur l’île de Pâques et foulons avec émotion le sol de ce caillou perdu au milieu de l’océan pacifique.
Drapeau Chilien.
Le bleu et l’étoile représentent la marine, le blanc la cordillère,
le rouge soit une fleur symbole du Chili soit le sang des patriotes
Drapeau Rapa Nui.
Il symbolise une pirogue polynésienne
Peu de temps après, nous sommes accueillis avec des colliers de fleurs et découvrons notre hébergement, Cabanas Morerava, et la faune qui gravite autour. L’ensemble nous a tout de suite beaucoup séduits !
Nous ne savions pas encore que chiens, poules et coqs allaient nous réveiller tous les matins à partir de 6h aux chants et aboiements à la gloire du soleil levant…
Malgré la fatigue et le nid douillet qu’offre notre cabane en bois, et après quelques courses dans des supermarchés bien peu achalandés et excessivement chers, nous décidons d’aller voir le coucher de soleil sur le site de TAHAI, tout proche de notre hébergement. L’occasion aussi de voir nos premiers moai… frissons garantis !
Par la suite, nous retournerons tous les jours sur ce site pour y voir le soleil se coucher.
L’île de Pâques doit son nom au navigateur néerlandais Jakob Roggeveen, qui fut le premier européen à y mettre les pieds, un dimanche de Pâques, le 6 avril 1722.
Les autochtones lui préfèrent le nom de Rapa Nui qui traduit du tahitien, signifie « la grande Rapa », par référence à la forme triangulaire de l’île qui rappelle la forme de la rapa (rame) tahitienne ou bien par similitude avec l’île de Rapa Iti, plus petite, et située en Polynésie (nui signifie grand et iti petit). L’île, d'environ 24 kilomètres dans sa plus grande dimension, couvre 161,8 km². La population est estimée à environ 8 000 habitants.
Son chef-lieu est Hanga Roa.
L'île devint une possession chilienne en 1888, mais ses habitants n’obtinrent la nationalité chilienne qu’en 1966 !
La création du Parc Naturel par l’état chilien date de 1969.
Depuis 1995, le patrimoine exceptionnel de l’île est protégé et inscrit au Patrimoine mondial par l’UNESCO. La communauté Rapa Nui veille précieusement sur les traces de ce patrimoine et constitue maintenant un pouvoir parallèle aux autorités chiliennes.
Les premières grandes expéditions archéologiques datent seulement des années 1950.
L’île reçut le téléphone en 1990, la télévision en 1996 et internet en 1998…
Pour mieux comprendre cette île, le lendemain de notre arrivée nous avons réservé un tour à la journée avec un guide privé, Richard, un français marié à une Pascuanne et installé ici depuis 33 ans. Nous l’avions contacté par mail une semaine avant notre arrivée et par chance il était disponible. Richard est passionné par l’île de Pâques et d’une grande culture générale. Une visite très enrichissante et indispensable selon nous !
Prix pour nous 5 pour une visite privée de 9h30 à 17h30, y compris le véhicule, 235 000 CLP, soit environ 300€.
La visite commence par la plage d’ANAKENA au nord de l’île où tout aurait commencé, puisque c’est ici qu’auraient débarqué les premiers colons polynésiens.
D’après les analyses génétiques, effectuées au XXe siècle, la plupart des habitants sont d’origine polynésienne. D’ailleurs, leur langue a des racines marquisiennes, leurs massues de bois sculptées, leurs fours traditionnels et leurs pratiques culturelles les plus emblématiques sont eux aussi typiquement polynésiens. Aux Marquises et à Hawaii, on trouve, comme à Rapa Nui, des terrasses de pierre (ahu), et même des statues figurant des ancêtres déifiés, les tiki, cousins miniatures des moai.
En revanche, la date du début du peuplement de l’île par des Polynésiens n'est pas déterminée avec précision.
Marins exceptionnels, les Polynésiens colonisèrent à partir du premier siècle la plupart des terres à l’intérieur du «triangle maori» formé par Hawaii, la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques. Ils pouvaient détecter la terre ferme bien avant de la voir, en scrutant la forme des vagues et des nuages, en suivant les oiseaux… Selon la mythologie polynésienne, le roi Hotu Matu’a et les siens, voguant vers le soleil levant, auraient accosté sur l’unique et minuscule plage (Anakena) d’un caillou volcanique cerné de falaises, qu’ils baptisèrent Rapa Nui. L’île la plus à l’est de l’aire culturelle polynésienne. Et la plus isolée… La terre la plus proche, Pitcairn, où se réfugièrent les mutins du Bounty, se trouve 2 000 kilomètres plus à l’ouest.
Guère étonnant que l’un des noms polynésiens de l’île de Pâques soit «le nombril du monde» (Te pito o te henua).
La plage d’Anakena est superbe avec son sable de corail, ses palmiers indolents et ses moai qui veillent sur les lieux. Sous le sable, un village entier est enseveli, ainsi que de nombreux autres vestiges…
Emblème de l’île, les moaï, ou moai, localement mo'ai (qui signifie image), sont des statues monumentales qui célèbrent le culte des ancêtres et qui sont posées sur les ahu, ces plates-formes cérémonielles, servant aussi de nécropoles.
Les moai étaient disposés à la façon d’une barrière symbolique protégeant la population des dangers extérieurs, les yeux tournés, non pas vers la mer, mais vers le village qui s’était développé à leurs pieds et le plus souvent proche de la mer.
Les moai tels qu’ils devaient être dans leur état final, possédaient des yeux blancs faits de corail blanc et des iris rouges en tuf volcanique ou noirs en obsidienne. Certains d’entre eux portent le Pukao, fait de tuf rouge, issu de la carrière de Puna Pau, et pesant lui-même plusieurs tonnes. Il évoque le chignon qu’arboraient les nobles.
Les moai en chiffres sur l’île :
La visite se poursuit avec le site de TONGARIKI.
C'est l'un des sites les plus majestueux de Rapa Nui, la structure cérémoniale la plus grande de l'île, la plateforme la plus grande de la Polynésie et, symboliquement, le site archéologique le plus important de l'océan Pacifique. L’ahu en pierre de lave a été balayé par un raz-de-marée en 1960. Il fut d'une telle puissance qu'il projeta les statues jusqu'à 100 mètres dans les terres. Une restauration, financée dans les années 1990 par une entreprise japonaise (Tadano, dont la publicité était exemplaire : " Avec nos grues, nous sommes même capables de redresser l'histoire "), a permis à ces 15 moai de se dresser fièrement. La plateforme mesure quelque 100 m de longueur et se divise en trois étages. Le premier étage, appelé la place, accueillait les cérémonies du village comme les naissances ou les enterrements. Au second niveau de la plateforme, le sous-sol servait de chambre funéraire. Enfin, au dernier niveau, les moai font face au volcan Rano Raraku, où se trouve la carrière de tuf dont ils ont très probablement été extraits. La plus grande des statues mesure quasiment 9 mètres.
A quelques dizaines de mètres, on peut également observer un moai solitaire, appelé aussi le moai voyageur : c'est le seul de l'île à avoir traversé l'océan dans les années 1990. Afin de lever des fonds destinés à la restauration de l'ahu, le Japon avait obtenu l'autorisation d'exposer ce moai. Il y resta quatre ans, de 1992 à 1996, avant de retrouver sa terre natale. On peut voir aussi près du site de nombreux pétroglyphes représentant des figures marines et l'inévitable "homme-oiseau" que nous découvrirons plus tard.
Dans l’après-midi, nous visitons le site de RANO RARAKU.
Ce volcan impressionnant correspond à l’unique carrière de fabrication des moai.
La quantité de moai est stupéfiante. Sur les flancs du volcan, gisent pas moins de 397 moai dont un groupe d'environ 70 sentinelles qui
semblent veiller sur l'île.
Les statues étaient taillées directement dans la roche en commençant toujours par la tête. Quand la première taille était finie, on les faisait glisser au pied du
cratère. En bas, un petit fossé aménagé permettait de redresser l'œuvre. On affinait ensuite la taille en leur ajoutant les yeux, traçant la ligne du cou et des épaules, sculptant les motifs dans
le dos.
En visitant le site, on a l’impression de découvrir un chantier abandonné. On pense qu’au XVIIe siècle l’extraction des statues a cessé en raison du remplacement du culte des ancêtres par celui du dieu Make-make et du Tangata manu, l'« homme-oiseau », aux XVIe – XVIIe siècles.
Au sommet du volcan Rano Raraku, on peut contempler une superbe lagune et une quarantaine de moai regardant la lagune. La montée au cratère ne prend que 10 minutes.
C’est ici que s’achève notre superbe journée de visite guidée. Les enfants peuvent enfin se défouler !
Cette visite guidée nous a permis de prendre la mesure de l’île. L’isolement relatif de notre hébergement à 40 minutes de marche du centre-ville, le souhait de manger dans notre cabane en bois, matin, midi et soir (le repas du midi à 5 nous a coûté plus de 90€…) et le désir de découvrir cette île en toute indépendance, nous ont conduits à louer une voiture pour le lendemain, en passant par le gérant de notre hébergement.
Le samedi 1er septembre à 9h30, notre petit 4X4 Suzuki était déposé aux portes de notre cabane en bois.
Prix pour 3 jours de location, 120 000 CLP (peso chilien), soit 152€.
A bord de notre voiture miniature, nous partons dans la matinée, visiter le site d’ORONGO au sud de l’île et au sommet du volcan Rano Kau.
Sur le versant sud du volcan, avant la falaise, s'élève le village d'Orongo, qui signifie El Llamado en Rapa Nui. C'est un ancien centre cérémonial où l'on pratiquait le culte de l' « homme-oiseau », celui-là même qui aurait remplacé le culte des ancêtres symbolisé par les moai.
Le Tangata manu (« homme-oiseau ») est, pour un an, l’arbitre des conflits entre clans sur l’île de Pâques. À ce titre, il est « neutre » et sacré. Pour devenir Tangata manu, le Hopu (représentant de chaque clan) doit plonger dans l’océan à partir de la falaise d’Orongo, nager à l’aide d’une gerbe de totora jusqu’à l’îlot rocheux inhabité de Motu Nui (« grand rocher »), s’y poster et attendre la ponte du premier œuf de la saison de sterne Manutara, le recueillir, nager à nouveau vers l’île de Pâques et gravir la falaise de Rano Kau pour le ramener à l’ariki nui (« grand guerrier »: le "roi" de l’île). Cette histoire a beaucoup plu aux enfants…
Le dernier rituel du Tangata manu se serait tenu le 22 décembre 1866 en présence du missionnaire Picpucien français Eugène Eyraud qui a fortement contribué à éradiquer les croyances indigènes au profit du christianisme.
Photo du Motu Nui depuis Orongo
Le site d’Orongo est composé d'environ 53 maisons en basalte dont l'architecture elliptique est unique sur l'île. On y trouve aussi de nombreux pétroglyphes de Mata Ngarahu.
C'est aussi dans ce village qu'une expédition britannique s'est appropriée, en 1868, un Moai (Hoa Haka Nana) que l'on peut voir maintenant au British Museum de Londres.
Au bord du cratère, on découvre un lac recouvert de totora. Les nuances de vert et de bleu sont de toute beauté et le cratère, sous le soleil, forme comme un écrin à ce joyau liquide. Le volcan fait plus de 1,6 km de diamètre et près de 200 m de profondeur.
Dans l’après-midi, nous visitons le site d’AHU AKIVI et des 7 moai.
Ces sept moai représenteraient les envoyés du roi Hotu-Matu’a avant la grande migration. Ils se situent à l’intérieur des terres et la légende raconte qu’ils regardent la mer en direction de la Polynésie d’où ils viennent. Cette légende semble controversée…
Non loin de ce site, nous avons visité la grotte d’ANA TE PAHU que l'on peut explorer avec une lampe de poche. A faire absolument avec les enfants. A l’arrivée, il y a deux grottes, nous avons pris celle de droite qui présentait moins d’eau. Le corridor doit faire un peu plus de 100 m et l'on ressort par un autre orifice. Les paysages environnants sont très beaux.
Nous finirons cette journée en retournant sur le site de TAHAI pour y assister au coucher de soleil. Un spectacle dont on ne peut se lasser…
Le lendemain, dimanche 2 septembre 2018, nous visitons dans la matinée le site d’AHU VINAPU.
Ce site est connu, non pas pour ses moai couchés, mais surtout pour l’assemblage de pierres des ahu. Le mur arrière est aussi bien travaillé que ceux de Cusco au Pérou avec lesquels il présente de fortes ressemblances.
Cet agencement des blocs de pierre qui composent cette terrasse et évoquent l’architecture inca a intrigué les scientifiques qui ont exploré l’hypothèse d’un contact entre ces premiers habitants polynésiens et d’autres civilisations bien avant l’arrivée des explorateurs européens sur l’île, en 1722.